Analyse de gestion de crise : Hiroshima n’a pas causé la défaite du Japon !

Publié le par Educrise - contact@educrise.com

Analyse de gestion de crise : Hiroshima n’a pas causé la défaite du Japon !

Les connaissances en gestion de crise pourraient-elles permettre de réécrire l’histoire ? Il semblerait que oui !

Le bombardement nucléaire du Japon en 1945 par les États-Unis reste un sujet extrêmement controversé, notamment concernant la nécessité d’une telle décision pour gagner la guerre et les motivations réelles des États-Unis. Le roman historique actuel considère que face à l’obstination du  Japon et son refus absolu de se rendre, le président américain Harry Truman a décidé d’utiliser l’arme atomique pour mettre définitivement fin au conflit et éviter que la guerre ne s’éternise. Cette version est parfaitement résumée dans une scène du film Truman (1995), dans laquelle le Président, sur le point de prendre la décision fatidique, est tourmenté par un intense questionnement interne. « Tant de soldats américains mourront si la guerre continue ! Comment pourrais-je regarder leur famille dans les yeux en sachant que j’aurais pu y mettre un terme bien avant par une frappe atomique ? » Voilà la teneur globale des répliques. Suite aux deux bombardements nucléaires, le Japon, pétrifié, aurait alors immédiatement cédé et manifesté son intention de capituler.

Cette version est largement remise en cause aujourd’hui. Il est notamment avancé que la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki ne sont pas les raisons de la capitulation du Japon. Parmi les arguments soutenant cette thèse figure très sérieusement… une simple analyse de gestion de crise ! Il y a eu deux bombardements nucléaires : l’un le 6 août 1945 sur la ville d’Hiroshima, l’autre le 9 août sur Nagasaki. Nous pouvons déjà être certains que le deuxième bombardement n’est pas à l’origine de la capitulation japonaise : les dirigeants nippons n’ont appris la nouvelle que dans l’après-midi du 9 août, alors qu’ils s’étaient déjà rassemblés dans la matinée pour évoquer une capitulation sans condition, chose qu’ils refusaient jusqu’alors.

Reste alors à analyser les effets du premier bombardement, celui survenu 3 jours plus tôt sur Hiroshima – et c’est là qu’intervient la gestion de crise. Car le conseil des dirigeants japonais ne s’est réuni que trois jours après la destruction d’Hiroshima. Un tel délai de réaction paraît totalement impossible, d’autant plus que les Japonais savaient ce qu’était une bombe atomique. Lorsqu’une telle crise survient, les responsables se réunissent en général immédiatement. Que cela concerne des grandes entreprises ou des États, lorsqu’un événement est considéré par les responsables comme une crise, ils ne laissent jamais s’écouler 3 jours avant de réagir. Nous pouvons prendre pour preuve certains exemples célèbres : quand le président Kennedy a appris en 1962 que l’URSS installait des missiles à Cuba, une commission a été nommée, contactée et rassemblée en seulement 3 heures – tout cela pour des missiles non utilisés, contrairement à ceux d’Hiroshima et Nagasaki. En 1950, le président américain a immédiatement traversé la moitié du pays pour s’entretenir sur le déclenchement de la guerre de Corée (qui ne concernait pourtant pas directement son pays). Le délai de réaction des dirigeants japonais indique donc que le bombardement atomique du pays n’est pas l’origine de la décision de capitulation. C’est en réalité surtout l’entrée en guerre de l’Union Soviétique qui a scellé le sort du Japon.

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